REECRITURE ECOLOGIQUE DES RELEVES PHYTOSOCIOLOGIQUES
Liste des relevés phytosociologiques informatisésLe but de cette réécriture est de présenter les
relevés phytosociologiques de façon standardisée en quantifiant la contribution
écologique de chaque plante à la définition du milieu du relevé.
Elle est un peu comparable à ce que font les phytosociologues
lorsqu'ils créent les tableaux à partir de leurs relevés. Ils rangent les
plantes en caractéristiques d'association, d'alliance, d'ordre ou de classe,
puis, en fin de tableaux, ils disposent les ubiquistes, les indifférentes
et les accidentelles.
Il y a cependant deux différences essentielles entre ces deux façons de procéder.
La première porte sur la mesure de l'importance écologique
de chaque plante-indice de variable du relevé, mesure qui ne fait appel qu'à
la source d'informations qu'est la banque de données des relevés. Lorsque
celle-ci évolue, l'importance écologique d'une plante évolue elle aussi mais
ce, d'autant moins, que le comportement écologique de la plante est déjà
bien cerné. De leur côté, les phytosociologues attribuent une signification
de "caractéristiques" aux plantes, dans le cadre de groupements, en se basant
sur leur expérience. Cette attribution demeure figée jusqu'à ce qu'un autre
phytosociologue en décide autrement.
La seconde différence porte sur le fait, qu'ici, les
relevés sont réécrits un par un et non disposés en tableaux : la constitution
des tableaux relève de la comparaison des relevés, opération qui sort de
ce sujet.
Quelle est cette mesure de l'importance écologique d'une plante dans un relevé ?
Considérations préliminaires
Dans un relevé, toutes les plantes sont témoin du
même milieu. Mais il y a de bons témoins et d'autres qui le sont moins. L'audition
d'un seul témoin n'est souvent pas suffisante pour faire jaillir la vérité,
en tout cas, l'observation d'une seule plante, ou d'un nombre réduit de plantes,
dans un relevé, fussent-elles très caractéristiques ou très discriminantes,
ne sont pas suffisantes pour en caractériser le milieu. Chaque plante du
relevé doit exprimer son témoignage.
Signification de la mesure et mode de calcul
Rappelons que le milieu d'un relevé est caractérisé, ici, par des indices de variables (les fidélités
moyennes : FIM)
qui portent des noms de plantes puisque, en phytosociologie, on ne dispose
pas de façon standardisée de mesures sur les variables du milieu, mais uniquement
des observations de plantes.
Les pouvoirs discriminants (PDR) des indices de variable (IV) d'un milieu (R)
mesurent l'importance relative d'un indice de variable dans l'originalité
globale du milieu. Cette originalité globale est mesurée par la distance
entre le milieu du relevé et l'ensemble des milieux recensés dans la banque
(CG). Le pouvoir discriminant peut donc se calculer par la contribution
de l'indice de variable à la distance précédente.
PDR(IV,R) = (FIM(CG,IV) - FIM(R,IV))2
En fait la formule de calcul est un peu plus compliquée
à cause des indices de variable simultanément nuls entre le milieu et le
centre de gravité de la banque.
Si, pour un indice de variable donné, les valeurs des fidélités
sont toujours fortes, dans tous les relevés,
on ne peut pas en déduire que cet indice de variable est important. En effet,
pour ce même indice de variable, le centre de gravité de la banque aura lui
aussi une valeur forte. On ne peut donc pas se fonder sur les seules fidélités
des relevés pour rechercher les indices de variables les plus importants.
Il faut les rapporter à un point de comparaison, le plus général possible,
tel que le centre de gravité de la banque.
De même, si un ensemble de relevés possède des fidélités
fortes pour un indice de variable donné, mais que les autres relevés de la
banque ont des fidélités faibles à nulles, alors, pour ce même indice, le
centre de gravité aura une fidélité faible. Le rapport entre ces deux valeurs
sera fort : le relevé appartenant à l'ensemble sus cité sera original vis-à-vis
de cet indice de variable.
On peut avoir le cas inverse de fidélités généralement
fortes, toujours pour un même indice, sauf pour un lot de relevés. A ce moment-là,
la fidélité du centre de gravité sera forte comparée à celles des relevés
de ce lot. De façon conventionnelle on mettra un signe négatif à ce type
de situation : le relevé sera caractérisé par son absence des milieux comportant
l'indice de variable en question.
Résultats
Pour chaque relevé, on calcule les pouvoirs discriminants
de chaque indice de variable (7.100). La somme de ces valeurs, en valeur
absolue, vaut 1000 (exprimée en pour mille). On trie ces valeurs et on les
sépare en deux lots.
Le premier lot est représenté par tous les indices
dont la somme vaut, conventionnellement, la moitié de la somme totale, soit
500 pour mille. Ces indices qui portent des noms de plantes sont appelés
pour cela les "plantes discriminantes". Ces dernières sont généralement en
nombre réduit (entre 20 et 50). A elles seules, elles expriment la moitié
de l'originalité du relevé par rapport à l'ensemble des observations de la
banque.
Dans le relevé, une partie des plantes observées appartient
à l'ensemble des plantes discriminantes, si bien que le lot des plantes discriminantes
se répartit en deux sous-ensembles : les plantes discriminantes présentes
dans le relevé et celles qui en sont absentes.
Dans le second lot se trouvent les plantes qui ne
sont pas suffisamment discriminantes. Elles sont affectées de leur valeur
discriminante et triées, en même temps que les autres, selon ce critère.
Au total, un relevé réécrit comporte trois séries de plantes
:
les plantes discriminantes présentes dans le relevé ;
les plantes discriminantes absentes
du relevé ;
les plantes non discriminantes du relevé.
Plantes discriminantes présentes
dans le relevé
Ce sont à la fois des plantes du relevé et l'indication,
par le biais des indices de variable, que le milieu qui convient à ces indices
convient aussi à ces plantes ce qui, dans ce cas, est une tautologie. Les
plantes discriminantes sont l'équivalent numérique des plantes caractéristiques
de la phytosociologie : c'est pourquoi les phytosociologues pourraient avantageusement
présenter leurs relevés en utilisant ce critère. En outre, elles sont plus
nombreuses et rangées par pouvoir discriminant décroissant, sans découpage
en classe.
Plantes discriminantes
absentes du relevé
Ces plantes, bien qu'absentes,
ont une forte probabilité
de présence dans le relevé. Elles constituent la partie de la flore potentielle
qui est la plus probable. Lorsque le botaniste retournera sur le terrain
il pourra utiliser cette liste soit pour qu'elle l'aide à compléter son relevé
en recherchant si telle ou telle plante ne s'y trouverait pas, soit comme
aide probabiliste à l'identification de plantes qu'il aurait pu avoir notées
seulement au niveau du genre.
Plantes non discriminantes
du relevé
Ce sont des plantes effectivement
observées mais dont
la fréquence totale dans la banque et la fidélité à certains milieux sont
faibles. Somme toute, ce sont de moins bons témoins du milieu à mesure que
leur pouvoir discriminant décroît. Les plantes accidentelles sont le cas
extrême de ces mauvais témoins. Ce sont des plantes à la fois peu fréquentes
et peu fidèles qui par conséquent se trouvent dans des milieux disparates.
Un cas encore plus extrême serait constitué par les
plantes erronées, soit en raison d'erreur de détermination, soit d'erreur
de transcription qui auraient pu échapper à toutes les procédures de contrôle
déjà utilisées. Que ces procédures soient tout simplement inapplicables (fichier
informatique communiqué sans les documents écrits empêchant la relecture),
soit qu'une correction ait entraînée une nouvelle erreur, soit encore qu'il
y ait déjà une erreur dans le document original, etc.
Le contrôle de la probabilité de trouver de telles plantes teste l'homogénéité écologique
des plantes non discriminantes.
Ce test est la mesure de
la distance écologique globale
entre le relevé et chaque plante de ce même relevé. Si la distance est supérieure
à un seuil, fixé arbitrairement, la plante est considérée comme plus ou moins
hétérogène par rapport au milieu. A tel point qu'il est prudent de contrôler
ces plantes afin de voir s'il n'y a pas tout simplement une erreur qui se
serait glissée au long de la chaîne de transcription depuis le travail de
terrain jusqu'à la banque de données. Les plantes considérées comme suspectes
sont représentées par des couleurs, vert, bleu puis rouge, fonction de leur
hétérogénéité écologique croissante.
Ce test, de nature écologique, s'ajoute aux représentations
cartographiques et aux relectures qui contribuent à améliorer la qualité de la
banque SOPHY.
Plantes dont le pouvoir
discriminant est négatif
Le total de 1000 pour mille
est le résultat de la
somme des pouvoirs discriminants en valeur absolue. Les valeurs négatives
soulignent les indices de variables desquels le relevé est exclu. Les indices
de variable négatifs ne sont pas présentés dans les listes.